Ancienne journaliste, l’auteure Cassandra O’Donnell passe d’un genre littéraire à l’autre avec bonheur et surtout une réussite impressionnante.
Elle est suivie par des centaines de milliers de jeunes lecteurs au point que ses ouvrages sont devenus de véritables références dans plusieurs genres, et en particulier dans l’urban fantasy.
Voici une entrevue qui devait durer une quinzaine de minutes et qui s’est finalement transformée en une discussion de près de deux heures !
Sur ses débuts en littérature et son choix de genre littéraire
J’avais pris une année sabbatique et je voulais écrire alors j’ai cherché le genre dans lequel je pouvais me mettre à écrire.
L’urban fantasy était un genre dans lequel il y avait peu d’auteurs et j’ai trouvé ça amusant et agréable à écrire alors je me suis lancée.
Mais jamais je n’ai pensé que cela aurait pu avoir un tel succès…
Sur sa technique d’écriture
Je m’intéresse à tous les genres littéraires et passer d’un genre à l’autre est très agréable pour moi.
Mais je travaille beaucoup sur le style de chacun des genres, comme pour l’urban fantasy où je me suis beaucoup inspirée de ce que faisaient les auteures anglo-saxonnes dans les années 90.
J’ai beaucoup étudié les différents genres littéraires, leur construction et leurs codes. Je décortique tout pour comprendre comment c’est fait.
Et ensuite j’écris des histoires que j’aime, des choses qui vont m’amuser et me distraire.
J’aime construire des personnages et c’est à travers eux que j’avance dans mon récit.
Plan ou pas plan
Je ne fais pas de plan réel mais dans une saga, je sais comment ça commence et aussi comment ça doit finir.
Par contre je ne me donne pas de ligne directrice entre les deux et je me laisse porter par les personnages.
Quand j’écris je ne sais pas vraiment où je vais et ce sont mes éditrices qui font des fiches pour suivre l’histoire.
Parfois elles me disent «hé tu avais écris ça à tel endroit…»
Par contre j’attache beaucoup d’importance au thème central car c’est primordial pour bien construire les personnages.
Il faut toujours avoir un bon thème central.
Et pour faire évoluer vos personnages il faut toujours que vous ayez un point de départ et un point d’arrivée.
C’est important surtout pour moi qui écris des sagas.
Parce que dans une saga c’est encore plus important. Il faut absolument savoir où vous allez car ça doit être très cohérent tout au long de l’histoire…
Je pense aussi beaucoup à la courbe des personnages.
Dans une histoire, je connais toujours mon itinéraire et après je laisse les choses avancer et s’imbriquer. Je crois que je fais beaucoup de choses de façon inconsciente et que les choses s’organisent et tombent bien au fur et à mesure que j’avance dans mon écriture.
Mon conseil à ce sujet c’est que les gens doivent voir loin au devant de leur histoire, surtout s’ils veulent écrire une saga.
Sur son style d’écriture
J’ai un style qui fait qu’on me reconnaît quel que soit le genre dans lequel j’écris. Je fais des phrases courtes, percutantes, et l’humour et le second degré sont toujours présents.
D’autre part, comme les personnages sont importants pour moi, je fais beaucoup de dialogues. C’est mon héritage théâtral, pour moi le dialogue est 90% d’un roman, ça fait avancer l’action car je fais peu de descriptions.
Mes lecteurs sont jeunes et ils veulent que les choses avancent vite.
Le dialogue me permet de faire ça.
Je tiens aussi mon public par l’humour, je fais rire mais en même temps, on ne sait jamais ce qui va arriver à mes personnages,
C’est un peu comme dans une série télévisée.
C’est d’ailleurs aussi pour ça que j’écris des sagas dans lesquelles chaque ouvrage n’est pas bouclé mais dont l’histoire se termine après le dernier opus, comme à la télévision.
Évidemment, je lis beaucoup parce qu’il faut être imprégnée du style dans lequel on se trouve et il faut lire beaucoup pour être vraiment à fond dans un univers.
Combien de temps pour écrire un roman
Un livre jeunesse, pour les 12-14 comme la Légende des 4, je mets environ un mois et demi à l’écrire et un Rebecca Kean me prend environ trois mois et demi.
Quand je démarre un projet, j’écris très très vite…
Je sors quatre ou cinq livres par an alors évidemment, j’écris tous les jours.
Je ne me mets pas de pression pour sortir des livres, mais les maisons d’édition sont toujours en demande de manuscrits et le public aussi est en attente de nouveauté…
Sa relation avec le public
Le public a un très large choix aujourd’hui, alors quand il suit une série sur dix ans, il faut que ce soit très bon et ne pas les décevoir.
La relation avec mes lecteurs s’est installée toute seule, c’est une relation de proximité parce que j’aime discuter avec eux sur les réseaux sociaux. C’est moi qui répond aux courriels et aux messages, je ne laisse personne d’autre le faire à ma place. C’est important.
J’ai beaucoup de liens avec des lecteurs qui me suivent depuis 10 ans, c’est très sympa et très tendre.
Ce que j’ai remarqué lors de mes échanges avec eux c’est qu’ils aiment avant tout mon écriture et mon style.
Vivre de l’écriture
Je suis privilégiée car je vis bien de l’écriture et ça m’a donné la possibilité de rester proche de mes enfants.
Je n’ai jamais pensé que ça allait marcher et quand ça a fonctionné, j’ai continué parce que je m’amusais et que j’aimais ce que je faisais.
Je ne sais pas exactement quelles sont mes ventes.
Je vois évidemment combien ça me rapporte, mais sincèrement je ne connais pas vraiment les chiffres des ventes… Disons plusieurs centaines de milliers…
Ce dont je suis contente en fait, c’est que certains de mes livres sont devenus des références et que plusieurs sont utilisés au sein de l’éducation nationale.
Je sais que je ne reviendrais pas au journalisme, j’ai trop de plaisir à faire ce que je fais en ce moment.
Mon rapport avec mes lecteurs, c’est un vrai bonheur, et j’aime ce que je vis avec cette aventure littéraire.
Son projet secret
Une web série que je voudrais tourner l’année prochaine en faisant paraître le roman en même temps.
Ce sera une histoire placée cette fois dans un univers réaliste avec deux ados dont l’une est une hackeuse…
J’ai déjà mon scénario.
Tout est prêt pour que ce soit fait en 2021 même si je crains que ce ne soit repoussé en 2022 à cause de la Covid.
Ses conseils aux jeunes auteur.e.s
N’abandonnez jamais votre métier et n’abandonnez pas vos études.
Ne croyez pas que le public va vous courir après, faites vous plaisir car cela se sent à travers la plume. Amusez-vous, écrivez une bonne histoire et construisez de bons personnages.
Les auteurs qui vendent beaucoup ont surtout écrit parce qu’ils avaient quelque chose à raconter, pas pour la reconnaissance.
Il faut avant tout retenir cette leçon.
Pour ma part, je place mes ouvrages dans des genres précis car j’aime l’exercice de style que cela impose et les contraintes me motivent.
Je construis un cadre et je m’amuse comme dans une aire de jeu.
Je ne me pose pas la question de savoir si ça va marcher ou pas.
Les trois conseils que je donnerais sont :
- Amusez-vous en écrivant, car écrire doit être un moment de plaisir,
- Soignez votre style car il faut avoir son propre style,
- Écrivez ce dont vous avez envie et vous verrez ce qui arrive,
Et le genre dans lequel je conseille aux jeunes auteurs de se lancer, c’est de faire de l’horreur pour ados.
Ça manque de littérature dans ce genre en France actuellement…
Jeunes auteurs, faites du Stephen King français !
Le scénariste-conseil
[Entrevue réalisée en novembre 2020 – Photo de l’auteure P. Matsas]
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2 commentaires
Ah mais, j’ai carrément aimer cet interview, je l’ai lu à mon fils de 16 ans qui boucle son propre roman ! Merci pour lui et pour moi, j’ai un point de repère supplémentaire pour mon propre roman.
*aimé